
Mardi 19 Juillet 2022
Springfield, Ohio, USA
Fairborn, Ohio, USA
>>>>>
23,4
Kilomètres
Jour 44
Je prends mon temps ce matin, le lit est trop doux. Je quitte la petite ville très tranquille. Je ne croise personne, c’est étrangement silencieux, j’ai l’impression d’être dans The Walking Dead.
Le premier zombie apparaît lorsque je fais une photographie d’une sculpture d’hippopotame splendide. C’est un vieil homme qui sort de chez lui et qui m’engueule direct. Il m’accuse d’avoir jeté toutes les ordures qui sont au sol autour de son hippopotame. J’essaye d’expliquer que justement, je marche, c’est une façon de faire attention à la planète. Et je n’ai rien jeté nom de Trump. Il ne cherche pas à comprendre et continue à me hurler dessus. Faut pas me chercher le matin, alors moi aussi je m’y mets en français. Non mais. Il semble que cette fois, j’ai lâché la 40. Je me dirige toujours vers l’ouest mais légèrement vers le sud. Et les lignes sont toujours bien droites. Je m’ennuie ferme. Mon deuxième zombie est un vrai Walking Dead. Un homme qui marche au bord de la route. Ça alors. Au début je me dis Ce n’est pas possible il va juste chercher son courrier. Mais non, il passe la boîte aux lettres, il est équipé, genouillères, belles chaussettes, chaussures neuves. J’accélère le pas pour me trouver à ses côtés et entamer une discussion, ce serait chouette de marcher un peu avec quelqu’un. C’est un très vieux zombie. Il sucre les fraises. La discussion ne prend pas. Je continue seule. Et je mute en zombie intégrale moi aussi. Je trouve un peu d’ombre au pied d’une taverne fermée, alors je fais une pause ananas. C’est étrange comme je trouve les routes plus longues lorsque le soleil tape. Je traverse le petit village de Enon. J’entre dans plusieurs stations-service pour profiter de la clim, et je cherche un autocollant Ohio pour coller sur Werner. Je n’en trouve pas. Je m’ennuie jusqu’à mon étape du soir. Parfois la route est dangereuse lorsque je dois traverser des jonctions d’autoroutes. Je croise un vendeur de goodies Trump 2024. J’hésite un moment à tenter une discussion mais j’ai plutôt envie de calme. Je me sens l’énervement facile alors je m’abstiens. Je croise des slogans qui me donne envie de régurgiter mes ananas. La zone commerciale qui me fait entrer dans la ville est à l’abandon. Des parkings géants vides devant des magasins fermés. Et c’est par là que se trouve mon motel du soir. Ah il a dû avoir la classe lors de son ouverture en 1972. Il est resté dans son jus. C’est émouvant de tristesse. C’est vieux mais c’est très propre. Je vide et range intégralement Werner qui était un peu en vrac. Un bain froid et en étoile sur le lit.
























